TESTIMONY FROM KING ARTHUR"S COUNTRY

Leaving the Land"s End district and South Cornwall, we now pa.s.s northward to King Arthur"s country. Our chief researches there are to be made outside the beaten track of tourists as far as possible, in the country between Camelford and Tintagel. At Delabole, the centre of this district, we find our first witness, Henry Spragg, a retired slate-quarryman, seventy years old. Mr. Spragg has had excellent opportunities of hearing any folk-lore that might have been living during his lifetime; and what he offers first is about King Arthur:--

_King Arthur._--"We always thought of King Arthur as a great warrior.

And many a time I"ve heard old people say that he used to appear in this country in the form of a nath."[74] This was all that could be told of King Arthur; and the conversation finally was directed toward piskies, with the following results:--

_Piskies._--"A man named Bottrell, who lived near St. Teath, was pisky-led at West Down, and when he turned his pockets inside out he heard the piskies going away laughing.[75] Often my grandmother used to say when I got home after dark, "You had better mind, or the piskies will carry you away." And I can remember hearing the old people say that the piskies are the spirits of dead-born children." From pixies the conversation drifted to the spirit-hounds "often heard at night near certain haunted downs in St. Teath parish", and then, finally, to ordinary Cornish legends about the dead.

Our next witnesses from Delabole are John Male, eighty-two years old, one of the very oldest men in King Arthur"s country, and his wife; and all of Mr. Male"s ancestors as far back as he can trace them have lived in the same parish.

_Piskies in General._--Mr. Male remarked:--"I have heard a good deal about the piskies, but I can"t remember any of the old women"s tales. I have heard, too, of people saying that they had seen the piskies. It was thought that when the piskies have misled you they show themselves jumping about in front of you; they are a race of little people who live out in the fields." Mrs. Male had now joined us at the open fire, and added:--"Piskies always come at night, and in marshy ground there are round places called pisky beds where they play. When I was little, my mother and grandmother would be sitting round the fire of an evening telling fireside stories, and I can remember hearing about a pisky of this part who stole a new coat, and how the family heard him talking to himself about it, and then finally say:--

Pisky fine and pisky gay, Pisky"s got a bright new coat, Pisky now will run away.

And I can just remember one bit of another story: A pisky looked into a house and said:--

All alone, fair maid?

No, here am I with a dog and cat, And apples to eat and nuts to crack."

_Tintagel Folk-Beliefs._--A retired rural policeman of the Tintagel country, where he was born and reared, and now keeper of the Pa.s.smore Edwards Art Gallery at Newlyn, offered this testimony from Tintagel:--"In Tintagel I used to sit round the fire at night and hear old women tell so much about piskies and ghosts that I was then afraid to go out of doors after darkness had fallen. They religiously believed in such things, and when I expressed my doubts I was driven away as a rude boy. They thought if you went to a certain place at a certain hour of the night that you could there see the piskies as little spirits. It was held that the piskies could lead you astray and play tricks on you, but that they never did you any serious injury." Of the Arthurian folk-legend at Tintagel he said:--"The spirit of King Arthur is supposed to be in the Cornish chough--a beautiful black bird with red legs and red beak."

We now leave Great Britain and cross the English Channel to Little Britain, the third of the Brythonic countries.

VII. IN BRITTANY

Introduction by ANATOLE LE BRAZ, Professor of French Literature, University of Rennes, Brittany; author of _La Legende de la Mort, Au Pays des Pardons_, &c.

MON CHER MONSIEUR WENTZ,

Il me souvient que, lors de votre soutenance de these devant la Faculte des Lettres de l"Universite de Rennes, un de mes collegues, mon ami, le professeur Dottin, vous demanda:

"Vous croyez, dites-vous, a l"existence des fees? En avez-vous vu?"

Vous repondites, avec autant de phlegme que de sincerite:

"Non. J"ai tout fait pour en voir, et je n"en ai jamais vu. Mais il y a beaucoup de choses que vous n"avez pas vues, monsieur le professeur, et dont vous ne songeriez cependant pas a nier l"existence. Ainsi fais-je a l"egard des fees."

Je suis comme vous, mon cher monsieur Wentz: je n"ai jamais vu de fees.

J"ai bien une amie tres chere que nous avons baptisee de ce nom, mais, malgre tous ses beaux dons magiques, elle n"est qu"une humble mortelle.

En revanche, j"ai vecu, tout enfant, parmi des personnes qui avaient avec les fees veritables un commerce quasi journalier.

C"etait dans une pet.i.te bourgade de Ba.s.se-Bretagne, peuplee de paysans a moitie marins, et de marins a moitie paysans. Il y avait, non loin du village, une ancienne gentilhommiere que ses proprietaires avaient depuis longtemps abandonnee pour on ne savait au juste quel motif. On continuait de l"appeler le "chateau" de Lanascol, quoiqu"elle ne fut plus guere qu"une ruine. Il est vrai que les avenues par lesquelles on y accedait avaient conserve leur aspect seigneurial, avec leurs quadruples rangees de vieux hetres dont les vastes frondaisons se miraient dans de magnifiques etangs. Les gens d"alentour se risquaient peu, le soir, dans ces avenues. Elles pa.s.saient pour etre, a partir du coucher du soleil, le lieu de promenade favori d"une "dame" que l"on designait sous le nom de _Groac"h Lanascol_,--la "Fee de Lanascol".

Beaucoup disaient l"avoir rencontree, et la depeignaient sous les couleurs, du reste, les plus diverses. Ceux-ci faisaient d"elle une vieille femme, marchant toute courbee, les deux mains appuyees sur un troncon de bequille avec lequel, de temps en temps, elle remuait, a l"automne, les feuilles mortes. Les feuilles mortes qu"elle retournait ainsi devenaient soudain brillantes comme de l"or et s"entrechoquaient avec un bruit clair de metal. Selon d"autres, c"etait une jeune princesse, merveilleus.e.m.e.nt paree, sur les pas de qui s"empressaient d"etranges pet.i.ts hommes noirs et silencieux. Elle s"avancait d"une majestueuse allure de reine. Parfois elle s"arretait devant un arbre, et l"arbre aussitot s"inclinait comme pour recevoir ses ordres. Ou bien, elle jetait un regard sur l"eau d"un etang, et l"etang frissonnait jusqu"en ses profondeurs, comme agite d"un mouvement de crainte sous la puissance de son regard.

On racontait sur elle cette curieuse histoire:--

Les proprietaires de Lanascol ayant voulu se defaire d"un domaine qu"ils n"habitaient plus, le manoir et les terres qui en dependaient furent mis en adjudication chez un notaire de Plouaret. Au jour fixe pour les encheres nombre d"acheteurs accoururent. Les prix etaient deja montes tres haut, et le domaine allait etre adjuge, quand, a un dernier appel du crieur, une voix feminine, tres douce et tres imperieuse tout ensemble, s"eleva et dit:

"Mille francs de plus!"

Il y eut grande rumeur dans la salle. Tout le monde chercha des yeux la personne qui avait lance cette surenchere, et qui ne pouvait etre qu"une femme. Mais il ne se trouva pas une seule femme dans l"a.s.sistance. Le notaire demanda:

"Qui a parle?"

De nouveau, la meme voix se fit entendre.

"Groac"h Lanascol!" repondit-elle.

Ce fut une debandade generale. Depuis lors, il ne s"etait jamais presente d"acquereur, et voila pourquoi, repetait-on couramment, Lanascol etait toujours a vendre.

Si je vous ai entretenu a plaisir de la Fee de Lanascol, mon cher monsieur Wentz, c"est qu"elle est la premiere qui ait fait impression sur moi, dans mon enfance. Combien d"autres n"en ai-je pas connu, par la suite, a travers les recits de mes compatriotes des greves, des champs ou des bois! La Bretagne est restee un royaume de feerie. On n"y peut voyager l"es.p.a.ce d"une lieue sans cotoyer la demeure de quelque fee male ou femelle. Ces jours derniers, comme j"accomplissais un pelerinage d"automne a l"hallucinante foret de Paimpont, toute hantee encore des grands souvenirs de la legende celtique, je croisai, sous les opulents...o...b..ages du Pas-du-Houx, une rama.s.seuse de bois mort, avec qui je ne manquai pas, vous pensez bien, de lier conversation. Un des premiers noms que je p.r.o.noncai fut naturellement celui de Viviane.

"Viviane!" se recria la vieille pauvresse. "Ah! benie soit-elle, la bonne Dame! car elle est aussi bonne que belle.... Sans sa protection, mon homme, qui travaille dans les coupes, serait tombe, comme un loup, sous les fusils des gardes...." Et elle se mit a me conter comme quoi son mari, un tantinet braconnier comme tous les bucherons de ces parages, s"etant porte, une nuit, a l"affut du chevreuil, dans les environs de la b.u.t.te-aux-Plaintes, avait ete surpris en flagrant delit par une tournee de gardes. Il voulut fuir: les gardes tirerent. Une balle l"atteignit a la cuisse: il tomba, et il s"appretait a se faire tuer sur place, plutot que de se rendre, lorsque, entre ses agresseurs et lui, s"interposa subitement une espece de brouillard tres dense qui voila tout,--le sol, les arbres, les gardes et le blesse lui-meme. Et il entendit une voix sortie du brouillard, une voix legere comme un bruit de feuilles, murmurer a son oreille: "Sauve-toi, mon fils: l"esprit de Viviane veillera sur toi jusqu"a ce que tu aies rampe hors de la foret."

"Telles furent les propres paroles de la fee," conclut la rama.s.seuse de bois mort.

Et, devotement, elle se signa, car la religieuse Bretagne--vous le savez--venere les fees a l"egal des saintes.

J"ignore s"il faut rattacher les lutins au monde des fees, mais, ce qui est sur, c"est que cette charmante et malicieuse engeance a toujours pullule dans notre pays. Je me suis laisse dire qu"autrefois chaque maison avait le sien. C"etait quelque chose comme le pet.i.t dieu penate.

Tantot visible, tantot invisible, il presidait a tous les actes de la vie domestique. Mieux encore: il y partic.i.p.ait, et de la facon la plus efficace. A l"interieur du logis, il aidait les servantes, soufflait le feu dans l"atre, surveillait la cuisson de la nourriture pour les hommes ou pour les betes, apaisait les cris de l"enfant couche dans le bas de l"armoire, empechait les vers de se mettre dans les pieces de lard suspendues aux solives. Il avait pareillement dans son lot le gouvernement des etables et des ecuries: grace a lui, les vaches donnaient un lait abondant en beurre, et les chevaux avaient la croupe ronde, le poil luisant. Il etait, en un mot, le bon genie de la famille, mais c"etait a la condition que chacun eut pour lui les egards auxquels il avait droit. Si peu qu"on lui manquat, sa bonte se changeait en malice et il n"etait point de mauvais tours dont il ne fut capable envers les gens qui l"avaient offense, comme de renverser le contenu des marmites sur le foyer, d"embrouiller la laine autour des quenouilles, de rendre infumable le tabac des pipes, d"emmeler inextricablement les crins des chevaux, de dessecher le pis des vaches ou de faire peler le dos des brebis. Aussi s"efforcait-on de ne le point mecontenter. On respectait soigneus.e.m.e.nt toutes ses habitudes, toutes ses manies. C"est ainsi que, chez mes parents, notre vieille bonne Filie n"enlevait jamais le trepied du feu sans avoir la precaution de l"asperger d"eau pour le refroidir, avant de le ranger au coin de l"atre. Si vous lui demandiez pourquoi ce rite, elle vous repondait:

"Pour que le lutin ne s"y brule pas, si, tout a l"heure, il s"a.s.seyait dessus."

Il appartient encore, je suppose, a la categorie des hommes-fees, ce _Bugul-Noz_, ce mysterieux "Berger de la nuit" dont les Bretons des campagnes voient se dresser, au crepuscule, la haute et troublante silhouette, si, d"aventure, il leur arrive de rentrer tard du labour. On n"a jamais pu me renseigner exactement sur le genre de troupeau qu"il faisait paitre, ni sur ce que presageait sa rencontre. Le plus souvent, on la redoute. Mais, comme l"observait avec raison une de mes conteuses, Lise Bellec, s"il est preferable d"eviter le _Bugul-Noz_, il ne s"ensuit pas, pour cela, que ce soit un mechant Esprit. D"apres elle, il remplirait plutot une fonction salutaire, en signifiant aux humains, par sa venue, que la nuit n"est pas faite pour s"attarder aux champs ou sur les chemins, mais pour s"enfermer derriere les portes closes et pour dormir. Ce berger des...o...b..es serait donc, somme toute, une maniere de bon pasteur. C"est pour a.s.surer notre repos et notre securite, c"est pour nous soustraire aux exces du travail et aux embuches de la nuit qu"il nous force, brebis imprudentes, a regagner promptement le bercail.

Sans doute est-ce un role tutelaire a peu pres semblable qui, dans la croyance populaire, est devolu a un autre homme-fee, plus specialement affecte au rivage de la mer, comme l"indique son nom de _Yann-An-od_. Il n"y a pas, sur tout le littoral maritime de la Bretagne ou, comme on dit, dans tout l"_armor_, une seule region ou l"existence de ce "Jean des Greves" ne soit tenue pour un fait certain, dument constate, indeniable. On lui prete des formes variables et des aspects differents.

C"est tantot un geant, tantot un nain. Il porte tantot un "suroit" de toile huilee, tantot un large chapeau de feutre noir. Parfois, il s"appuie sur une rame et fait penser au personnage enigmatique, arme du meme attribut, qu"Ulysse doit suivre, dans l"_Odyssee_. Mais, toujours, c"est un heros marin dont la mission est de parcourir les plages, en poussant par intervalles de longs cris stridents, propres a effrayer les pecheurs qui se seraient laisse surprendre dehors par les tenebres de la nuit. Il ne fait de mal qu"a ceux qui recalcitrent; encore ne les frappe-t-il que dans leur interet, pour les contraindre a se mettre a l"abri. Il est, avant tout, un "avertisseur". Ses cris ne rappellent pas seulement au logis les gens attardes sur les greves; ils signalent aussi le dangereux voisinage de la cote aux marins qui sont en mer et, par la, suppleent a l"insuffisance du mugiss.e.m.e.nt des sirenes ou de la lumiere des phares.

Remarquons, a ce propos, qu"on releve un trait a.n.a.logue dans la legende des vieux saints armoricains, pour la plupart emigres d"Irlande. Un de leurs exercices coutumiers consistait a deambuler de nuit le long des cotes ou ils avaient etabli leurs oratoires, en agitant des clochettes de fer battu dont les tintements etaient destines, comme les cris de _Yann-An-od_, a prevenir les navigateurs que la terre etait proche.

Je suis persuade que le culte des saints, qui est la premiere et la plus fervente des devotions bretonnes, conserve bien des traits d"une religion plus ancienne ou la croyance aux fees jouait le princ.i.p.al role. Et il en va de meme, j"en suis convaincu, pour ces mythes funeraires que j"ai recueillis sous le t.i.tre de _La Legende de la Mort_ chez les Bretons armoricains. A vrai dire, dans la conception bretonne, les morts ne sont pas morts; ils vivent d"une vie mysterieuse en marge de la vie reelle, mais leur monde reste, en definitive, tout mele au notre et, sitot que la nuit tombe, sitot que les vivants proprement dits s"abandonnent a la mort momentanee du sommeil, les soi-disant morts redeviennent les habitants de la terre qu"ils n"ont jamais quittee. Ils reprennent leur place a leur foyer d"autrefois, ils vaquent a leurs anciens travaux, ils s"interessent au logis, aux champs, a la barque; ils se comportent, en un mot, comme ce peuple des hommes et des femmes-fees qui formait jadis une espece d"humanite plus fine et plus delicate au milieu de la veritable humanite.

J"aurais encore, mon cher monsieur Wentz, bien d"autres types a evoquer, dans cet intermonde de la feerie bretonne qui, chez mes compatriotes, ne se confond ni avec ce monde-ci, ni avec l"autre, mais participe a la fois de tous les deux, par un singulier melange de naturel et de surnaturel. Je n"ai voulu, en ces lignes rapides, que montrer la richesse de la matiere a laquelle vous avez, avec tant de conscience et de ferveur, applique votre effort. Et maintenant, que les fees vous soient douces, mon cher ami! Elles ne seront que justes en favorisant de toute leur tendresse le jeune et brillant ecrivain qui vient de restaurer leur culte en renovant leur gloire.

RENNES, ce 1{er} _novembre_ 1910.

My dear Mr. Wentz,

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